"La recherche fugace du temps qui passe." Andy Rankin

jeudi 21 juillet 2011

Au plaisir de lire.

Me voilà en vacances depuis déjà deux semaines, avec le baccalauréat anticipé en poche et quelques livres déjà lus, je suis tellement heureux !

J'ai terminé en Juin dernier (fin du mois) un roman de Balzac, Le Médecin de Campagne.
Je ne pourrais dire que ce livre est un roman, c'est plutôt un compilé de petits récits mis bouts à bouts et qui constituent ensemble un roman avec une histoire, des personnages et une intrigue florissante.
Ces récits furent captivants. Ils racontent, - avec la vivacité bien connue de Balzac -, sans trop d'artifices et de descriptions (chose rare mais parfois appréciable), le fleurissement économique, culturel et social d'un village, autrefois, misérable, naïf et superstitieux. Peu à peu, le village devient ville grâce à un curé, dénommé Benassis qui a fermement décidé de mener à bien un projet qui lui-même, Benassis l'espère, sera le fleuron et la fierté de toute la région (près de Grenoble). 

Un capitaine de l'armée vient quérir Benassis pour soigner son fils d'une maladie mystérieuse, Benassis étant également médecin (d'où le titre...) réputé pour ses miraculeuses guérisons. Dans le cadre de cette rencontre, le curé Benassis lui fait le récit palpitant de cette histoire usant de nombreuses analepses. 

Finalement, après son long récit ponctué de pauses mettant un scène des situations plus romanesques et qui actualisent l'histoire, le capitaine envoie son enfant au médecin qui l'aidera à devenir un homme. Quelques mois plus tard, le fils du capitaine est fort comme un héros, mais triste circonstance, Benassis meurt après la lecture d'une lettre mystérieuse dont le contenu ne nous sera pas révélé.
Cette dernière péripétie de l'histoire fit couler des larmes, cela faisait fort longtemps qu'un roman ne m'avait tant ému, après l'Assommoir ou Germinal ou encore Le père Goriot. Un véritable coup de cœur littéraire (sachant que j'alimente une rubrique littéraire dans un journal lycéen).

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Sinon la génèse de mon roman avance et tout semble bien se tenir, la seule chose sur laquelle je bute est la peur de ne pas trouver les mots pour exprimer une pensée, une idée, ou pour représenter concrètement quelque chose et afin de l'exposer face au lecteur de la manière la plus exacte, -la plus réaliste possible-.

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D'autre part, au niveau de mes lectures, j'ai enchaîné sur Le journal d'Anne Frank (fortes émotions aussi), Dom Juan de notre ILLUSTRE Molière, Une Vie de Maupassant (des émotions, d'autres larmes, un nouveau coup de cœur littéraire !), une relecture de classe de troisième du livre autobiographique de Fred Uhlman, L'ami retrouvé (un classique des classiques dans la littérature XXème... et acheté pas cher). 

Et j'ai fini par La Chatte de Colette, le premier roman que je lis de cette auteure, qui fut pour moi très facile à lire mais dont la tournure de phrase et le sens que celles-ci renfermaient était assez ambigu sur certains passages.
Bien que le sujet de "la chatte" fut pour moi assez nouveau, puisque les romans du XIXème siècle se basent sur le vivant des hommes à travers leur société et non autour d'animaux. Mais on peut aussi penser à la connivence entre un animal domestique et son maître. 
Comme ici, entre Saha (la chatte) et Alain (son maître) mais dont la femme est jalouse de cet animal, - ce qui pimentera quelque peu l'intrigue -, quelques temps après leurs fiançailles.

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Pour respecter une affreuse liste scolaire, je me suis mis à lire le troisième tome des Mémoires de Guerre  de notre cher Général de Gaulle. Quand j'ai amorcé la lecture, j'étais dans un brouillard épais. Les chiffres, les noms, tout cet exposé de la situation d'après-guerre de la France et des français a presque failli réduire mon appétence si forte pour ce livre au néant. Mais en lisant de plus en plus et en accédant au chapitre suivant (Le Rang suivant La Libération), le ciel de mes lectures s'est instantanément éclairci ! Et pour cause, on parle des Russes, de la Russie !
IL FAUT ALORS que je vous avoue quelque chose, sans avoir encore lu un seul livre appartenant à la littérature russe (à part, bien sûr, les petites nouvelles de Nicolas Gogol), je suis déjà absolument curieux et très ambitieux de lire Guerre et Paix de Tolstoï. Oui !

Et ce depuis, qu'un jour, lorsque je vagabondais à travers les rayons d'une librairie proposant une foule de livres d'occasion, mes yeux tombèrent sur les deux tomes du célèbre roman de Tolstoï, en parfait état et pour une somme raisonnable. Cela éveilla en moi quelque chose qui chaque jour prit une ampleur, une place. Pourtant, je ne les ai pas achetés, mais je reviendrai et cette fois ma décision sera BIEN prise... !

De plus, j'ai "découvert" Dostoïevski, avec son Crime et Châtiment, qui,- il paraît - est remarquable. D'ailleurs le synopsis me donne envie de le lire, autant que celui de Guerre et Paix qui relate la campagne de Russie de Napoléon. 

Je suis en tout cas très excité, et je me sentirai tout aise quand je lirais et quand j'aurai fini de lire Guerre et Paix. Enfin... au moins celui-là (et Anna Karénine, me dites-vous ?). Je prévois des débuts de lecture à la fin du mois d'Août, 'Si Dieu le veux' (parole d'un athée).

samedi 18 juin 2011

Des nouvelles...

Il faut dire que je me passe de plus en plus de l'ordinateur, un élément qui me devient de moins en moins indispensable. C'est pour cela que je publie beaucoup moins qu'avant peut-être que certains sont déjà déçus de mon manque de régularité.

En fait, je lis plus qu'avant, et il faut dire qu'entre le travail scolaire et l'ordinateur, la complicité entre ces deux éléments est en train de s'effacer.

Je suis déjà sur une première ébauche de roman... enfin de récit. Je ne sais pas comment je peux nommer concrètement ce que je suis en train d'écrire mais j'aime beaucoup. Le texte est bien épuré, je me suis inspiré d'un livre contemporain que je viens de lire, c'est Philippe Grimbert avec Un Secret. Ce livre que je n'ai d'ailleurs pas tellement apprécié du fait que ce soit un récit assez obscur et autobiographique de Philippe. C'est sa vie que je n'ai pas trouvée passionnante. Il faut dire que je m'attendais à mieux.

Entre-temps, je me suis improvisé imprimeur-éditeur en publiant un petit recueil en vers et en prose d'une amie qui a connu un franc succès. Cependant, j'ai préféré limiter la propagation à deux exemplaires. C'est plus correct. Du coup, son prochain recueil qu'elle est en train de composer se vendra à grande échelle pour le prix d'un euro. Je trouve cette expérience palpitante. Mais je ne me suis pas encore trop penché sur ça.

Je verrai plus tard.

Voilà, c'est à peu près tout ce que j'avais à dire. A bientôt !

mercredi 13 avril 2011

Je me suis souvent posé la question. Comment peut-être heureux un littéraire qui vit à fond sa passion ? Moi il m'en faut peu. Laissez-moi seul, un livre à la main. Je ne me plaindrai pas. Encore faut-il que j'écrive un peu, j'aimerai tant mais parfois je me sens dépassé. Me focalisant sur mon but principal : imiter les auteurs du XIXème siècle. J'ai rêvé cette nuit de faire ma propre préface à mon livre, mon premier livre. J'ai toujours tant rêvé de parler de tout. Mais aurais-je le courage d'écrire autant de lignes. Je pense que je le peux. J'en suis tout à fait capable. En tout cas je me le souhaite. J'aime tant lire et je pourrais bien relire les auteurs du XIXème : les poésies avec Lamartine, Victor Hugo, Nerval, les romans avec Balzac, Stendhal, Hugo, Zola, Maupassant... ce siècle est si riche. Et parfois lorsque je m'ennuie, j'aimerai y vivre, sentir la fraîcheur de ce temps dépourvu de confort mais si authentique... Ca me fait rêver.


Si je pouvais revenir dans le temps, participer aux moments les plus forts de notre histoire. Prendre les premiers trains, marcher dans les rues de Paris en 1836. S'aventurer au Bonheur des Dames, se promener sur les bords féériques de la côte d'Azur de Maupassant, vivre avec les deux Napoléon, le tout en fiacre. C'est un sentiment étrange mais tellement grandiose. Parfois j'aimerai entrer, m'intégrer dans les yeux d'un haut personnage de la littérature et vivre sa vie.


Notre époque est dépourvue de tout cela, tout est moderne, les ordinateurs font notre travail à notre place, fini les temps, des efforts acharnés, du confort sommaire, des voyages qui durent des éternités. Je ne renie pas la technologie de notre époque, je suis juste nostalgique d'une époque que je n'ai jamais connue mais qui me rend curieux. Si bien qu'à cette époque, le peuple avait une haute conception de la littérature, beaucoup moins à notre époque. Du coup même la filière scolaire en prend un coup... Quelle tristesse ! 


J'aimerai devenir professeur de Français et encore de nombreuses personnes m'approuvent mais voient en mon métier un destin tragique... Pauvre France ! Le corps enseignant se meurt écrasé par les privatisations, par le gouvernement si dépravé.


Seul le soleil se lèvera encore longtemps sur nos contrées et mettra au grand jours tous les problèmes de notre société.


-Idées jetées.-

mardi 1 mars 2011

Des sentiment occultés.

M. De Trailles venait de se lever ce matin, le soleil aussi, venait de lever son étandard, 
la nature s'éveillait, la rosée s'effaçait.
Beaucoup encore baillaient. C'était le tout début de l'aube. La campagne était toute frémissante de vie, les oiseaux s'envolaient encore gros de leur sommeil, le faon et sa mère, toujours méfiants, avaient leurs pattes empourprées de fatigue et de courbatures.
M. De Trailles sortait de chez lui, tout frivole et content. Une bonne humeur l'avait pénétré, malgré son tempérament impartial, cette fois-ci il n'arrivait pas à prendre une méchante allure qui faisait sa réputation à travers tout le pays.
Nous étions Dimanche ce jour là, Monsieur de Trailles devait se rendre à l'église. Ainsi, il espérait retrouver Madame De Carembour, une de ses plus proches amies, dont il était amoureux mais il se l'était promis, il s'efforcerait de ne jamais le faire transparaître. Marié, était cet homme là.
Ce tableau pourrait faire croire que M. De Trailles était heureux, pourtant il ne l'était pas, mais personne ne le savait. Toute cette nature vierge de l'artifice de l'homme était complètement ignorante. 

M. De Trailles s'était marié avec une petite paysanne des alentours de Lagny, Madame Goudre, fille d'un vénérable et brave paysan qui, toute sa vie avait labouré de ses mains la petite parcelle de terre au bord du village et vivait non loin du presbytère, dans une petite masure délabrée par le temps.
Le nouveau couple s'était installé dans le Château du Fermoir, noble château appartenant originellement aux Rotschild, il avaient pris leurs quartiers, s'étaient dotés de meubles et avaient commencé leur vie dans ces installations.

Leur amour n'était pas aussi franc que celui de pauvres paysans, sans doute était t-il étiolé et tari par le faste, la pompe de la propriété De Trailles. En réalité M. De Trailles était marié socialement mais son amour était refoulé par son coeur qui détestait cette femme dénuée de nobles manières, réagissant aussi bassement que la marmaille du peuple, aussi ingrate et grossière qu'eux. Ses traits était lourds et carrés, un physique taillé à la hache. De Trailles ne se reconnaissait pas dans cette femme qui lui faisait honte. 
C'était pour cela qu'il entrevoyait le plus souvent la tendre et belle Madame de Carembour, dont les traits semblaient avoir été brossés, travaillé par la main expérimentée d'un menuisier. Tout chez elle reflétait la finesse, c'était la beauté pour M. De Trailles la plus parfaite dans ce monde.
Mais au fur et à mesure que le temps passait, M. De Trailles était de plus en plus tenté de franchir une étape, un tournant : tromper sa femme avec Madame De Carembour pour finir par rompre définitivement. Une sale besogne loin d'être aisée...

samedi 12 février 2011

Par ma fenêtre à guillotine.

Dehors, la nuit est noire. Ma petite bougie garde la pièce comme éveillée. Je reste assis à ma table, devant cette morne fenêtre en bois, qui colorée par les lueurs chatoyantes qui, elles, se mouvent par quelque effets d'air, j'entrevois un homme. Il se rend à l'église. Le suivent une fille, ou une jeune femme, non... deux femmes, une plus jeune que l'autre. Tous trois s'enferment dans l'église. Je ne m'y fie pas, je les laisse passer sous mes yeux sans que ma curiosité ne fasse irruption.

Je décide de me coucher, je souffle la chandelle qui a perdu la moitié de sa taille. Au loin j'entends le sifflement aigu du train de minuit trente qui traverse à toute vitesse l'immense étendue de la campagne. Il est temps de dormir. Seul dans ma chambre, on m'a laissé. Ma mère est prise d'un sommeil profond depuis déjà longtemps, son embrassade me manque déjà. Cette fois-ci, je me suis couché à une heure tardive. 

Le hululement d'une chouette m'effraye, je ferme promptement ma fenêtre à guillotine. Mais charmé par la nuit noire, éclairée par la pleine lune, je rouvre cette fenêtre et m'accoudant à elle, j'écoute les bruits de cette nuit d'été. Voilà longtemps que la neige a quitté ces contrées. Et pourtant je me rappelle encore de cette nuit... J'avais vu un feu au loin dans une forêt,  un bosquet qui me paraissait si loin. Sitôt, qu'au matin même, je m'y étais rendu croyant voir les cendres du feu que j'avais aperçu tantôt. Mais rien, plus de forêt, seul un tapis blanc de neige était là répandu. J'avais rêvé.

Alors cette nuit d'été, je ne savais plus si je dormais où si je vivais vraiment, j'essayais de revoir cette lueur, ce feu qui m'avait tant fait frémir de curiosité. Mais cette nuit là rien ne parût, juste ces trois personnes qui avaient courues. 

Mais déjà le matin se levait, des lueurs rosâtres s'étalaient en une fine ligne à l'horizon, créant un joli dégradé avec le haut du ciel qui, lui, avait conservé sa couleur, ce noir si profond qui parfois nous joue des tours, nous tourmente, qui crée l'illusion.

Ce matin, je me suis réveillé au sol, je ne sais encore pourquoi, seul le livre que j'avais lu la veille avait disparu, dans mon esprit, le titre et l'auteur avaient été effacés, je ne me souvenais de rien, seulement que j'avais lu ce livre, un livre, mais lequel ? J'espérai seulement que la nuit prochaine allait me le révéler. Et encore, je dormirai tard.

lundi 7 février 2011

Les braves désillusions d'une âme échouée.

Le nombre fatidique venait de tomber. Mon sang se glaça, je pris mon courage à deux mains mais peu de temps après avoir passé le chambranle de la porte de cours accompagné d'un "Aurevoir Madame" un tantinet timide, je comptai à mon amie mes inquiétudes et je me formais des questions oratoires sans réponses.

Moi et mon amie, nous nous rendîmes au centre de documentation et d'information afin de travailler sur notre prochain exposé. Elle me parlai, je n'écoutais pas, je regardai dans le vide. Puis tout d'un coup je revenais de mes misérables songes. J'étais aussi misérable que la réécriture des Misérables que j'avais produite. Quelle tristesse pour moi que d'avoir atteint un nouveau seuil. Moi qui pendant tant de jours je me sentais confiant, joyeux, prêt à tout vaincre, voici la massue qui était tombée sur mon pauvre crâne d'enfant chétif. Tant d'efforts, tant de travail, tant de pressions anéantis.

Finalement, je partis, je quittai mon amie et je me dirigeai vers la sortie du lycée. Dehors l'air était pur, et pour la première fois de l'année, il faisait doux. Le ciel était bleu d'une limpide transparence, sur les bâtiments face au lycée, miroitait le saint soleil avec extase dans des tons jaunes-orangés à la surface des pierres calcaires des hautes masures. Un léger bruit de deux oiseaux qui gazouillaient, une rapide hirondelle qui passai : ce contexte ne s'accordait en rien à mon humeur.

Ivre d'impuissance, je préférais me dérober sur le pavé en marchant, la note tapant violemment sur le haut du crâne, je marchai sous les reflets luxuriants du soleil qui tantôt faisaient briller et jaunissait mon manteau noir, tantôt mes chaussures, tantôt mon pantalon, mais jamais ma tête, comme si par quelque fortuite affaire, le soleil avait décidé de me cacher sa lumière. 

Dans ma tête tout était pénombre, et rien n'était vrai, le flou m'envahissait comme l'angoisse vous anéanti même avant d'avoir pu commencer quelconque devoir. Jamais plus, jamais plus cette note ne devait être réinscrite, jamais, je m'en faisais le serment solennel. 

Le soir, dans ma chambre noire, je ne pouvais voir, la faute commise, l'injustice de ce choix qui m'avait perdu. Je voulais me vitupérer de ce sombre accroc. Comme pour m'en punir, je décidai de lire, lire sans jamais m'arrêter, je préférais jeûner plutôt que d'arrêter ma lecture. Même les passages qui auraient été plaisants à lire ne me faisaient plus rire. Mes yeux tenaient une expression morne, ma bouche restait sèche et droite, tout mon visage était plongé dans une eau solide, opaque, profonde et impénétrable.
Ce soir là, je ne savais si je pourrais continuer comme ça. et souvent, je me remettais en question : "Qu'est ce que je vaux à continuer comme ça ? Que fais-je dans cette filière ?". Je ne savais plus si cette dernière question relevait de la paranoïa ou du simple malêtre d'une nouvelle si cruciale et importante pour moi.

Telles sont les conséquences néfastes d'une personne qui met toujours la barre trop haute et qui espère, en quelques mouvements de crayon, atteindre le faîte de la réussite.

dimanche 16 janvier 2011

Une nouvelle année.

Le souffle quasi normal de Janvier, lorsque les mois renaissent et que le soleil reparaît que l'angoisse d'un temps précieux recommence. Je me laissai transporter comme d'habitude vers les plates bandes de mon lycée, sorte d'usine où les ouvriers sortent et rentrent en cours suivant scrupuleusement un protocole attribué au début de leur année scolaire. Le travail prime tous ceux qui suent moralement. Encore des heures qui passent sans s'arrêter. C'est le temps qui nous donne l'espoir de vivre en paix. Le soleil et la pluie s'enchaînent comme si de rien n'était. La vie frappe du pied sur le carreau déjà bien poli de la ville. Le ciel est gris et bleu, la lune rythme nos nuits ténébreuses qui commencent aux alentours des vêpres.

Chacun essaye de vivre, découvre de nouvelles occupations, en poursuivent d'autres, les renouvellent. Chacun tente de remplir le temps qui lui est accordé.  Chacun vit comme il peut, comme il veut. Je regardais cette populace qui se mouvait avec palpitation dans ce pauvre chef-lieu de département, qui l'hiver donne envie de pleurer mais qui au printemps exhale de toute sa force, de toute sa puissance ces odeurs qui nous rendent complètements ivres de vivre correctement. Certains travaillent dur encore sous l'arrivée des beaux-jours. Ces ouvriers que l'on oublie mais qui chaque jour suent pour concevoir notre avenir. Nous, nous qui travaillons avec nos têtes, nous nous jetons à la suite de ces travaux manuels, nous usons leurs conceptions.

mardi 28 décembre 2010

Saint Christ.

Au pied du sapin, tel était le livre que je tenais entre mes mains lorsque je lisais quelque contes de Noël aux portes des maisons, après avoir chanté. Ce soir là les rues de Londres étaient noires... de monde, beaucoup de jeunes gens avaient revêtus leurs habits d'hiver. Certains parents se promenaient dans les rues pour assister à ce tohu-bohu exceptionnel. Les enfants se précipitaient par petits groupes coiffés des bonnets ou de casquettes sur le perron des maisons, un des leurs frappaient et avec célérité, prenaient leurs petits livres de chants. Ensuite les occupants de la maison ouvraient la porte et se postaient ainsi devant les enfants, délectant ainsi leurs douces voix. Certains, généreux, leurs donnaient une collation, des bonbons, de l'argent parfois !  Tous donnaient quelque chose en réalité, c'était tellement festif les vingt-quatre décembre au soir et comme c'était la tradition, les gens se laissaient faire et préféraient rire d'être dérangés tant la douce voix des enfants étaient affable et mielleuse. Des cris, de la joie, des illuminations aussi, des sapins devant les maisons, des décorations partout, voilà dans quoi pataugeait tout ce petit monde, frappant du pied le dur pavé de la bonne vieille Angleterre.

Le ciel, lui, scintillait de toutes parts, les étoiles miroitaient dans le ciel limpide de cette nuit où le frimas prenait le corps et ainsi faisait rougir le visage et le bout des doigts et du nez des petits enfants.

mercredi 8 décembre 2010

Le petit bonheur d'une curieuse.

L'installation de Jean dans cette maison basse à l'angle de la rue Lemoine était un vrai bonheur. Pour la première fois depuis que je vivais dans cette ville, j'allai enfin voir de la lumière à travers les carreaux de ces fenêtres noircies par le temps. Cette maison abandonnée, que je n'avais pas hésité à visiter - je suis tellement curieuse, je ne fais pas exprès, c'est toute ma nature cela ! -. 

J'avais parcouru les moindres recoins et avait trouvé de nombreux livres sans propriétaires ! Dans la cave, un tas d'objets méconnaissables, rouillés - la cave était très humide, ça sentait la mort -, je me suis ensuite aventurée dans le salon, un vieux canapé vivait encore et de sa peau déchirée de tous côtés, ses entrailles ne tenaient plus. Il suffisait de tirer un morceau de damas pour que celui-ci s'en aille jusque dans notre main. Tout était rongé, ce n'était plus un canapé, les souris avaient sûrement ici fait leur nid. Dans la cuisine, encore le bouton fonctionnait, j'avais actionné l'antique bouton et une lumière avait jailli de l'ampoule accrochée au plafond par son fil électrique. Un hachoir avait dû vomir beaucoup de viande, il était horriblement sale et lui aussi encore mouillé. Des placards tenaient encore au dessus de la gazinière, du plan de travail et de l'évier. Bien qu'en tentant d'ouvrir un des placard, il resta dans ma main, il n'y avait plus rien - à part, peut-être de la poussière -, j'en ouvris un autre - celui-ci était encore bien celé au bois -, mais des chauves souris jaillirent et s'éparpillèrent dans la pièce pour enfin s'évader en direction du salon. Mon cœur avait fait un bond dans ma poitrine. J'étais alors sortie toute traumatisée et encore choquée par le terrible effet de peur que m'avait procuré ces noires chauves-souris. Finalement, je suis rentrée chez moi bien vite. Et jamais, jamais plus je ne suis revenue dans cette masure, bien que quelques fois l'envie me reprit de la visiter à nouveau, qui savait ? Quel trésors pouvaient s'y cacher ? On m'avait toujours dit de corriger ce défaut de curiosité et de vouloir toujours autant visiter les maisons délaissées. C'était d'ailleurs une des raisons pour lesquelles jamais la campagne ! 

Le mois dernier mon futur voisin, un homme d'une vingtaine d'années, venu de Paris a acheté le terrain et a décidé de rénover l'antique bâtisse. Pour cela, il l'a vidée, là, sur le carreau devant sa porte. Je lui ai demandé si je pouvais fouiller et ma verve du chinage est entrée en action, je suis repartie encore avec de nombreux bibelots et autres brimborions inutiles. Je suis comme ça moi ! Oh ! les beaux Chantilly de j'ai trouvé, les belles ombrelles de dame, cinq canotiers dis-donc ! Et encore des livres, Balzac, Zola, Bossuet, Boileau et Racine, un tome des Mémoires d'outre-tombe de Chateaubriand. J'étais au anges, et encore tous très bien conservés (ils étaient enfermés dans une grande malle en fer qui traînait dans le grenier dont les tuiles laissaient passer une raie de lumière). Voilà Décembre, le temps maussade de Novembre s'est dissipé pour laisser placer au traditionnel bleu du ciel et à notre vénérable soleil. J'en s'installe aux environs du vingt décembre. C'est un gentil bonhomme, très courtois, très respectueux, très poli, très beau... Non ! Me voilà encore entrain de me passionner pour un homme qui tombe sous mon regard ! Assez, je veux rester célibataire.

dimanche 14 novembre 2010

11 Novembre 1918 - Première Partie


Je me réveille soudainement par un éclat d’obus tout près de notre habitation de terre et de boue. Je saute de ma paillasse, récupère mon matériel et sors dehors. Il doit être dans les quatre heures du matin, il fait froid, il fait noir. Les bombardements ont déjà recommencé après cette petite nuit de sommeil. Mes yeux portent des cernes. Je suis là dehors, complètement étourdi. J'entends le sifflement des balles au dessus de la tranchée. Déjà des hommes sont dehors et écoutent la nuit gronder. Je me demande quel jour nous sommes, je ne compte plus le temps. "Quel jour on est Augustin ?
- Sans doute le 11 novembre..."
Je ne sais pas trop, faut que je demande au Commandant, il l'sais lui". Et après quelques secondes, j'eus la confirmation, nous étions le 11 novembre. Un autre obus éclata tout près de moi, Augustin quant à lui sauta et retomba raide mort dans des éclaboussures de sang. Je n'en fus pas dégoûté, je n'ai même pas pleuré. J'en avait tellement vu. Après cette secousse, je décidai de me déplacer, il ne fallait pas rester au même endroit, j'avais peur, comme toujours depuis le début. Une heure s'écoula sans faire de grave dégâts. Toujours aussi noir, mais ça s'éclaircissait.

Henri Lendré

Ce matin là, je venais de m'éveiller tôt. Comme toujours, le facteur m'apportait le journal, tôt le matin, aux alentours de six heures trente. Il était six heures lorsque je quittai mon lit. Puis vivement je versai un peu de lait chaud dans ma tasse et prenai trois madeleines dans la boîte en fer. Puis successivement, je les trempai dans mon lait en attendant le crissement des freins sur les roues du vélo de mon facteur. Ainsi, je l'entendis quelques minutes après. Avant même que je sois sortie, il était entré dans ma maison et s'écrira : "Bon dieu ! La guerre est finie ! L'armistice, signé, SIGNE !", tout en me montrant le gros titre du journal. L'article déclarai :
"Ce matin à 5h12, a été signé dans un wagon se situant dans une futaie de Compiègne (lieu tenu secret par le gouvernement), une armistice entre la France et l'Allemagne imposant le 'Cessez-le-feu' à onze heures précisément dans toutes la France. C'est alors que les allemands seront tenus de respecter les douze points rédigés par le président américain Wilson ainsi que la clause de l'Armistice." Et un peu plus bas : "Vive la République et Vive la France !". L'article était au beau milieu du journal et faisait la Une. Je regardai avec des yeux remplis d'allégresse le facteur et ensemble nous nous embrassâmes pour enfin nous serrer. En sortant, nous chantâmes La Marseillaise. Puis voyant la voisine sortir sur le perron, nous lui apprîmes la nouvelle et elle fut tout à fait aussi jubile que nous. Enfin le facteur s'en alla. Moi et Fernande, restâmes affolées de bonheur à l'annonce de cette nouvelle étourdissante, nous décidâmes alors de la crier aux portes de nos voisines isolées, nous partîmes en vélo toutes heureuses. Je n'avais même pas pensé à consulter les éventuels morts au front entre hier et aujourd'hui.

Simone Lendré

A suivre...